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La
poésie est immortelle. La
poésie médiumnique est la traduction directe
du monde invisible. Les œuvres de ces recueils sont
d'un genre particulier puisqu'elles proviennent des
esprits. Ces
poésies ont été reçues par
écriture automatique et sont là pour
témoigner de la continuité de l'art au
delà de la mort .
Chant de coton, chant de sucre
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DANS LES RUINES DU TEMPS L’odeur âcre d’un rouge alcool flotte sur les vestiges de l’histoire ; dans les ruines du temps, des fantômes ivres titubent et vacillent sur des tombeaux noirs. Ma mémoire est pleine de ces revenants qui éclairent brusquement les siècles oubliés, offrant crûment à l’homme que je suis l’image du monstre que j’étais. Des décombres du Colisé, j’entends encore monter aux cieux les cris des condamnés que désossent les fauves affamés. J’ai vu Rome brûler et la folie applaudir de voir sous la braise incandescente la mémoire et les livres s’ensevelir. J’ai entendu les chairs crépiter dans leur linceul de flammes ; j’ai senti les corps calcinés poser sur moi leur regard de cendre, si effrayant de calme. Ô Dieu ! Que j’ai douté de toi. J’ai vu Attila inonder de larmes les steppes de Mongolie. Sous cette funeste mousson, j’ai vu des croix pousser. Les oiseaux cessaient de chanter quand leur vol venait à traverser ces champs de corps démembrés. Dans les ruines du temps, j’ai vu surgir encore d’un brouillard épais les restes d’un continent ; comme un bateau fantôme, il passe encore devant les siècles, semblant chercher les civilisations assassinées. Un indien à sa proue scrute, immobile, les horizons, cherchant désespérément de ses yeux crevés, un de ses descendants, un de ses rejetons. J’ai vu à l’ombre des cathédrales les bûchers ardents de la sainte inquisition ; j’ai vu, au nom du Père, poser et poser encore de sang froid l’abominable question. Puis j’ai vu les rayons sombres d’un roi soleil éclairer le monde de ténèbres. J’ai vu les frontières s’avancer sur 20 000 cadavres, étonnants sujets ! puis reculer d’autant. J’ai vu derrière ce triste flux et reflux, un peu de gloire faite de beaucoup d’enfants. Un instant, j’ai cru le bras de l’homme enfin las, fatigué de tant de crimes, mais déjà le tocsin signalait un brasier qui s’étendait de l’Italie jusqu’aux portes de Chine. Tout trembla, tout vacilla, Austerlitz enfantait Waterloo et un empire sur des millions d’hommes s’écroula. Je n’ai pas fini ! Écoutez encore ceci. Car c’est l’histoire. Est ce ma faute si elle n’est faite que de bruits et de nuits ? Sur le chemin des Dames, j’ai marché et me suis enfoncé jusqu’à la taille, dans une boue faite d’acier de chair et de sang : c’était une marée, mais cette mer avait 100 000 enfants. J’ai vu encore les hommes éteindre les étoiles, cracher à la face de Dieu troublé, Auschwitz et Buckenwald. J’ai vu encore tant d’orages, de foudres et d’éclairs ; j’ai vu tant de pluie de sang s’abattre sur la Terre ! Et puis, et puis un matin extraordinaire, sur les champs de la mémoire, une fleur a poussé. L’espoir a pris une senteur, celle d’une rose baignée des larmes de l’aurore et de ses pourpres lueurs. L’homme étourdit par cette essence et cette beauté, posa son glaive dans le prés. Alors je l’ai vu s’agenouiller ; j’ai vu la douceur absolue terrasser la brutalité et une fleur transpercer d’un pétale en plein coeur un farouche guerrier. Ce soir enfin, après une longue odyssée, un enfant retrouve son père et son foyer. |
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LES RAISONS DE LA COLÈRE Avez-vous déjà entendu l’hydre chanter ? Avez-vous écouté ce monstre fait de ténèbres et de cauchemars déclamer ses poèmes d’airain en mâchant les étoiles ? Avez-vous vu ce reflet d’apocalypsepsalmodier l’humanité sur sa harpe aux cordes de chanvre ? Son chant semble forger dans les sept bouches de l’enfer, c’est une longue et pétrifiante ode dédiée à l’horreur. Assise à la table de Satan, enivrée de sang, gavée de chairs, elle versifie, elle poétise l’homme-soldat quand celui-ci, au paroxysme de la démence, s’égorge en riant. Combien de quatrain n’a t’elle pas déjà gravée de sa plume d’acier et de feu dans le granit de la Terre ? Combien de vers n’a t’elle pas déjà tailladée dans les chairs délicates des mères ? Combien d’alexandrins lui ont inspiré les moissons d’enfants, agapes de la folie ? Au concert de la haine, l’orchestre est grand. L’humanité a ses levants, ils s’appellent Dante, Goethe, Shakespeare ; elle a aussi ses couchants. Ils sont capables d’autant d’ombre que ces soleils peuvent produire de lumière. Il y a une telle recherche, un tel raffinement dans la finition de certaines guillotines, qu’il faut reconnaître que le meurtre a ses virtuoses, que la torture a ses génies, que la guerre a ses prophètes. Cette valse du malheur, cette symphonie de souffrance a donc ses artistes. Un tortionnaire peut être sophistiqué ; et les bourreaux en col blanc exécutent avec bonheur ces œuvres pleines du sang des vivants et des larmes des morts. L’hydre paie grassement ses plaisirs. Les musiciens le savent quand ils pianotent aux tombeaux la chanson de Pilate. La raison penche la tête sur sa croix pendant que surgit du sol le III ème Reich ressuscité ; en vomissant de l’ignorance, il cogne à la porte de l’avenir en hurlant : " Je n’ai pas terminé ". Pendant ce temps, les marchands de larmes ouvrent les crânes sanglants des faibles d’où s’exhalent les parfums subtils et rares de l’or. Ils s’en frottent les mains et se repaissent. Jusqu’à l’étourdissement. Jusqu’à la cécité. Jusqu’à oublier que le superflu de leur vie n’est possible qu’en ôtant le nécessaire à leurs frères. Sous les lambris et les glaces, sous les meubles Louis XVI, sous les colonnes d’empire, sous les tapis de Perse et les sofas moelleux : le charnier. Sous le lustre de cristal, sous la tapisserie brodée d’or, sous le vison et la soie, derrière ces pierres de taille, sous la cendre froide de ce Havane : l’indigence et l’exploitation. Ôtez du mur ce Rembrandt, ce Renoir, ce Picasso et vous apercevrez le cadavre décomposé d’un soldat de douze ans ; Promenez-vous dans ces jardins anglais et vous verrez dépasser d’un rosier le bras squelettique et inerte d’une vieille prostituée de 14 ans ; Soulevez cette assiette en porcelaine et écartez avec ses couverts d’argent la caille et les truffes, vous y trouverez de quoi nourrir un enfant durant une année entière. Demandez-vous combien de crèches couvre la toux lugubre du canon ; demandez-vous combien de dispensaires digère le ventre carnassier de ce cuirassé ; combien de livres et de cahiers, de tableaux noirs et de tables d’écoliers brûlent pour alimenter cette guerre civile ? Combien de vaccins n’existeront pas, combien de vies n’existeront plus pour que ce radar puisse tourner si stupidement en rond ? Combien d’années de retard pour la science cachent les plis sombres et épais de ce budget militaire ? Si la paix était plus lucrative que la guerre, si l’amour était plus rentable que la haine, comme nous serions heureux ! Dans la balance de l’absolue cependant, le sourire d’un enfant pèse plus lourd qu’un char. |
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L'espoir J’ai fait un rêve et ce rêve, je l’ai dit à mes frères. J’ai osé rêver un monde où la peau d’un homme, pour être noire, ne serait pas une étoile de David cousue à son destin ; où la peau d’un homme, pour être noire, ne serait pas une couronne d’épine posée sur son berceau et une croix en feu planté sur son tombeau. J’ai rêvé un monde où les hommes auraient eu pour seule religion, le pardon ; pour seul dogme, l’instruction ; pour seul baptême, la fraternité. J’ai rêvé ce monde et pour l’avoir rêvé, je suis mort. Mais peut importe. Dans leur ignorance, mes assassins s’imaginaient tuer avec moi mon rêve. Or je continue de vivre, or je continue de penser et surtout d’imaginer. Ils auraient dû savoir pourtant que l’on peut bien arrêter un homme en plein élan de générosité, d’une balle en pleine tête, mais que l’idée, elle, continue son chemin. Rien, pas même des siècles et des siècles d’obscurantisme et de terreur, de dictatures et de génocides ne peuvent la stopper. Voilà la force d’un être humain : l’idée. Et quand cette idée est belle et grande, et quand cette idée tourne sa face vers le soleil et la lumière, c’est tout un monde qu’elle éclaire, c’est toute l’humanité qu’elle éclabousse. Il se trouve toujours des cœurs pour s’abreuver à ce rayon, il se trouve toujours des hommes pour perpétuer le rêve. Et savez-vous pourquoi ? Parce-que s’il venait à en manquer, d’autres se réincarneraient pour qu’il devienne chair, pour que cette idée batte dans le cœur des petits enfants en devenir, de tous ces enfants qui sous l’œil attendri de leurs parents semblent jouer en toute innocence. Or cette innocence, mais le tyran ne le sait pas, cache une monstruosité : un rêve, une idée, un souvenir, un espoir secret, une espérance folle, une chimère peut-être, une volonté farouche cependant : celle d’un monde plus juste, celle d’un monde plus libre et plus aimant. Et l’enfant grandit, et il commence à partager ses jouets, puis à les donner à ceux qui n’en ont pas. Avec lui, l’idée, le rêve grandit. Le tyran est déjà condamné à disparaître. Il ne le sait pas mais l’enfant l’a déjà jugé et prononcé son arrêt. Bien sûr, ce tyran peut encore border le chemin du rêve de corps mutilés, torturés, de cadavres sans tombes, bien sûr, il le peut, il a toujours ce pouvoir. Mais en réalité, il ne fait qu’accélérer sa chute. Un cimetière peut effrayer celui qui n’a pas d’idées, mais il est source de recueillement profond pour celui qui en possède. Et au creux de ce recueillement profond mûrit un sentiment de révolte. L’enfant devenu homme pouvait encore reculer devant son audace. Maintenant il ne le peut plus. Au nom de ces cadavres qui sont autant de mains tendues devant ses yeux et qui lui montrent un bourreau, il avancera quoi qu’il en coûte. Il faut donc rêver, il faut donc en nourrir les enfants. Que le sentiment de leur humanité soit leur lait, voilà ce qui sera leur force et l’espoir d’un monde qui les attend. On peut quelques fois se tromper d’idées, on se trompe toujours à n’en avoir pas. Ayez le cran de rêver un monde meilleur et vous aurez alors la force de le bâtir ; car l’homme est ainsi fait qu’il cherche toujours à réaliser ses rêves. |
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